Prends soin de toi...

Depuis quelque temps, partout sur les réseaux et dans la presse on peut lire et entendre : "prends soin de toi". On le lit sur les réseaux, on l’entend dans les podcasts, dans les cafés, même entre amis.

C’est devenu une sorte de mantra collectif, un bouclier contre l’épuisement du monde moderne. Et c’est vrai : il faut savoir s’écouter, se reposer, se recentrer.

Mais à force de se regarder dans le miroir, on en oublie parfois qu’il y a quelqu’un juste derrière.

On vit dans une époque où chacun apprend à se protéger, à poser des limites, à couper les liens qui “prennent trop d’énergie”.

On apprend à dire non, à se préserver, à se choisir. Et c’est légitime.

Pourtant, dans ce grand mouvement du moi d’abord, quelque chose s’est perdu : l’élan vers l’autre.

À force de s’isoler pour se retrouver, beaucoup finissent seuls, épuisés autrement — non plus par les autres, mais par le vide autour.

On n’a jamais autant parlé de bien-être, et pourtant, on n’a jamais eu autant de mal à s’aimer collectivement.

On s’écrit moins, on s’écoute peu, on s’évite parfois sous prétexte de se “respecter”.

Il y a un paradoxe : à vouloir se soigner soi-même, on a cessé de se soigner ensemble.

Prendre soin de soi, c’est essentiel. Mais prendre soin des autres, c’est vital. Offrir du temps, une oreille, un mot doux, un regard attentif, c’est aussi une forme de thérapie. L’écoute guérit, la présence réchauffe, le lien répare.

Alors peut-être qu’il faut réapprendre à dire : prends soin de toi… et de nous.

Parce que la paix intérieure n’a de sens que lorsqu’elle éclaire un peu le monde autour.

Chantal Vitalis